Le cercle des amis
- Pierre O. Desautourre
- 17 mars 2019
- 2 min de lecture
(roman-feuilleton rédigé par Pierre Olivier Desautourre)
Episode 2 Trèves. En face du bâtiment du théâtre de la ville. Les quatre vieillards viennent d’apprendre par la caissière de l’établissement que le spectacle débutera une heure plus tard. Avec leur billets qu’ils ont gagnées dans un concours d’une société d’apiculture régionale en main, ils vont à l’autre côté de la rue pour profiter des derniers rayons du soleil. En attendant ils allument leurs téléphones portables.
-Ah, quelle belle fin d’après midi. Notre palais des muses me paraît dans cette lumière bleue du ciel de printemps comme une brouette renversée qui a perdu sa roue dans l’extase de la contemplation des œuvres de nos philosophes, s’exclama Charles pathétiquement. Le groupe éclata de rire et désormais on ne parla plus du bâtiment du théâtre, mais de la brouette renversée.
Dans les arbres à côté de l’entrée du théâtre les oiseaux s’étaient rassemblés par groupes. Il y avait des moineaux, des sansonnets et des merles noirs. Le bruit de leurs cris remplissait les rues vides. Il y avait des oiseaux qui volaient autour des arbres d’une manière excitée comme s’ils voulaient animer les autres à intensifier leur chant et à rendre plus de vivacité à leur musique improvisée. Tout à coup, les vieillards entendirent un long cri d’un merle noir. Celui-ci tomba d’une cime d’un arbre, par terre, droit devant l’escalier où les vieillards s’étaient installés comme des collégiennes attendant le résultat de leurs examens. L’oiseau ne bougea plus. Il était mort. Les cris des autres animaux s’affaiblissaient et l’atmosphère devint pesante. Après le bruit reprit, mais d’une manière désagréable. On dirait qu’il y avait un esprit de concurrence entre les différents groupes d’oiseaux et que les uns voulaient s’imposer aux autres pour gagner l’attention du public.
Une petite fille dans une robe rose s’avança vers les quatre vieillards en criant d’une voix fâchée :
-Vous avez tué cet oiseau, je l’ai bien vu, vous êtes bien dégoûtants comme tous les adultes. Vous détestez les plantes et les animaux ainsi que toute la nature qui nous entoure.
-Arrête, Marie, reviens tout-de-suite et tais-toi ! Une femme dans la trentaine accourût hors haleine et s’excusa auprès des vieillards pour les propos de la petite.
Le groupe ne réagit pas à cet incident et Robert prit son portable pour regarder l’heure.
-Tiens, dit-il, regardez cela. Un nouveau roman en épisodes dans une série littéraire. Mon Dieu, il parle du manoir Ste Marguerite. Ce n’est pas possible.
-Quoi ? demandèrent les trois autres vieillards d’un air surpris et prirent également leurs portables.
-L’auteur parle bien de nous, c’est un scandale. Il parle même du dépôt municipal. Tout ça c’est calomnieux, s’énerva Claude. Pourtant je ne fus pas impliqué dans cette affaire.
-Tu le dis toujours, nous te croyons depuis longtemps. Pourquoi donc le souligner ainsi chaque fois que nous parlons du sujet, s’étonna Marcel. L’accident s’est passé quelques semaines après ce grand bal dans la maison du peuple. L’enquête a été menée d’une manière désordonnée et sans aboutir à des résultats. Ton épouse travaillait dans cet office à l’époque. C’est juste ?
-Eh bien oui.
-Alors dis-nous ce qui s’est passé avant que nous l’apprenions par ce feuilletoniste que nous ne connaissons pas, ou bien ?
A suivre…



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