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Le cercle des amis

  • Photo du rédacteur: Pierre O. Desautourre
    Pierre O. Desautourre
  • 3 mars 2019
  • 3 min de lecture

(roman-feuilleton rédigé par Pierre Olivier Desautourre)


Episode une (suite) Trèves. Salon du manoir Ste Marguerite. Sophie allume un feu dans la cheminée pour la fête d’anniversaire de sa sœur. L’odeur de la fumée réveille des souvenirs. Les vieilles histoires prennent le dessus et plongent le groupe dans le silence.


Les coups de la pendule retentissaient dans le salon. Il était cinq heures passé.


-Ce vieux régulateur est toujours un peu en retard. Le manoir Ste Marguerite l’avait pris en saisie d’un paysan qui ne pouvait plus s’acquitter des factures de pension pour sa maman. Le directeur pensait avoir fait une bonne affaire avec une antiquité rare. Mais en effet, il s’agit juste d’un vieil appareil de série sans valeur particulière. Les chiffres sont peints en noir sur un cadran en plomb. La mécanique est installée dans une boîte en bois de cerisier. Pour que l’horloge marche régulièrement, iI faut la suspendre au mur dans le bon angle qui n’est surtout pas l’angle droit. Chaque matin, Sophie remonte le ressort spiral avec deux clés, expliqua Charles, la tête baissée. Personne ne répondit.


Sophie se tourna vers les messieurs en les regardant d’une manière étrange. Elle frissonna et se frotta les mains. Elle ouvrit le tiroir gauche du buffet, sortit un paquet d’allumettes et s’avança vers la cheminée. Elle prit des billes de bois et des branchettes de sapin d’un panier en osier et les entassait soigneusement dans la cheminée. Avant d’allumer le bois, elle fit une petite pause, se tourna vers les quatre vieillards comme s’il elle voulait leur adresser la parole et leur annoncer une nouvelle importante. Pourtant, elle n’arriva pas à ouvrir la bouche pour former une phrase compréhensible. Alors elle prit une allumette d’un geste un peu embarrassé, mais solennel, l’alluma en la frottant et la posa sur le bois.


-Sophie se comporte d’une manière bizarre ce soir, soupira Claude. On dirait qu’elle participe à un rite avec d’autres personnes que nous ne voyons pas. Elle prépare l’anniversaire d’une personne morte depuis longtemps, probablement de sa sœur qui est décédée, il y a quatorze ans.


En effet, la fumée qui commençait à se dégager dans le salon, troublait la vue du groupe et les fauteuils vides du salon parurent dans cette lumière comme des spectres immobiles assistant à une cérémonie étrange, mais familière aux quatre amis. Sophie toussa et courut à la fenêtre pour prendre de l’air frais.


-La fumée me rappelle cette soirée dans la cabane de forêt. Tu te souviens Marcel ? Nous y étions avec Sylvain. Tu sais, ce type qui est parti pour l’Italie pour refaire sa vie. Robert leva la tête et regarda le groupe d’un air amusé.


-Il n’était pas à la cabane ce soir-là, sursauta Claude. Il était chez ma tante pour la soulager dans sa maladie. Elle me l’a confirmé un tas de fois. Maintenant elle est morte, mais son témoignage ne change pas.


-Non, il était avec nous, insista Robert.


-Tais-toi, ne reviens pas toujours avec cette histoire. Tu sais exactement que la moto du fils de mon voisin avait été vandalisée cette soirée là, tout près de la cabane.


-Et on ne sait toujours pas qui a commis cet acte atroce ?


-E ben, non, le jeune homme est rentré à pied, tout confus, sa mère l’a trouvé devant la porte de leur villa, le matin à six heures, sans veste et avec les pantalons déchirés. Il était ivre.


-Non, il n’avait pas d’alcool d’après le constat médical.


-Il n’était pas chez le médecin. Il n’y a pas de constat. De toute façon, il ne dira rien. Il me l’avait promis.


-Il t’a promis quoi ? De se taire ?


-Il fait sa carrière dans une banque. Les banquiers sont discrets.


-Alors personne ne saura jamais ce qui s’est passé cette nuit-là, dit Marcel.


-Non, personne ne le saura jamais, répéta Claude d’un air soulagé.


Sophie remit une autre bûche sur la braise. L’ombre de son corps se dessina sur le mur en noir et blanc dans des proportions gigantesques. Les vieillards tournèrent les yeux vers cette image furtive et la contemplèrent comme une sculpture d’un grand artiste. Sophie les entendait murmurer « personne ne le saura jamais, personne ne le saura jamais ». Puis la discussion s’arrêta et le silence habituel s’installa.

A suivre...

 
 
 

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