Le cercle des amis
- Pierre O. Desautourre
- 3 mars 2019
- 2 min de lecture
(roman-feuilleton rédigé par Pierre Olivier Desautourre )
Episode une Trèves. Manoir Ste Marguerite. Les quatre amis se retrouvent comme d’habitude. Une discussion sur la situation économique met fin au silence.
Les vieillards entrèrent un par un dans le salon sombre du manoir Ste Marguerite au bord du lac de Trèves. Enfin, ce n’est pas un lac, mais juste le fleuve qui traverse la ville. Le manoir était situé à la rive est juste après la petite île qui sépare les eaux en deux canaux, un grand et un petit. A l’endroit où les eaux se réunissent, le lit de la rivière prend un peu de largeur et c’est là que Charles s’exclama d’une manière pathétique lors d’une promenade avec ses amis.
-Ah, voilà le lac ! Mes amis, regardez sa beauté. N’habitons-nous pas dans une ville extraordinaire entourée par toutes les merveilles que la nature nous offre?
D’habitude, les amis passaient le temps de leurs promenades silencieusement. Cette fois pourtant, après un moment de stupéfaction, le petit groupe éclata de rire et à partir de ce moment, on ne parla plus de fleuve, mais de lac, du lac de Trèves.
Les derniers rayons de soleil entrèrent dans la pièce et les reflets de leur lumière se dessinèrent sur les murs en formant des figures sinistres comme s’ils tentaient de faire revivre les ancêtres du propriétaire qui étaient représentés sur les tableaux suspendus d’une manière fortuite et sans goût. Les quatre amis se dirigèrent prudemment vers les fauteuils en tissu rayé noir et blanc.
-Sophie, tu peux servir le thé et une liqueur aux herbes.
Robert se tourna vers une vieille dame qui s’affaira devant le buffet du salon.
-Il n’y a plus de liqueur, vous le savez Robert, les temps ont changé et nous avons dû adapter le budget. Il nous faut économiser pour la rénovation de la toiture. Les quatre hommes regardèrent le plafond comme s’ils attendaient des gouttes de pluie tomber sur leurs visages et sur les fauteuils dans lesquels ils s’étaient enfin installés confortablement.
-On nous augmentera le prix de la pension, soupira Claude. Ma mère est morte, il y a quinze ans maintenant. Il me reste plus rien de la fortune qu’elle m’a laissée et ma rente ne suffit guère pour le luxe de notre manoir.
-Tu parles de luxe, cela me fait bien rire quand je pense à ce mois de janvier sans chauffage, riposta Marcel.
Le silence habituel s’installa. Sophie arriva avec le thé.
-La ville avait coupé les subsides et la caisse de retraite avait un retard de paiement, continua Marcel. Alors la direction ne fut pas en mesure de verser les acomptes pour la livraison du mazout. Il fallait un vote supplémentaire du conseil municipal pour débloquer les fonds. J’ai dormi avec deux bougies allumées sur la table de nuit pendant ce temps. C’était un peu risqué, imagine-toi ce qui aurait pu se passer.
-Moi, j’avais allumé un petit réchaud à gaz que le fils de ma nièce m’avait rendu après sa semaine de camping sauvage au Tessin, avoua Claude. Imagine-toi ce qui aurait pu se passer.
-Oui, oui, imaginons-nous, répondit le groupe en guise d’écho.
Sophie continua à ranger les assiettes sur le buffet et avec le bruit qu’elle causait la conversation s’arrêta brusquement pour laisser place au silence habituel.
A suivre…



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